BLOG n° 7 – 12 octobre 2009

BLOG n° 7 – 12 octobre 2009

Barack OBAMA, Prix NOBEL DE LA PAIX 2009

NOBEL OBLIGE : UNE « ARDENTE OBLIGATION »

En attribuant, le 9 octobre 2009, le prix Nobel de la Paix 2009 au Président Barack Obama, le comité Nobel a, certes, fait preuve d’audace, mais surtout d’un étonnant sens de l’histoire, d’une conscience aigüe des dangers que court actuellement l’Humanité et des indispensables mesures à prendre pour y faire face.

Il a, en effet, reconnu la totale adéquation aux défis à surmonter de la politique mise en œuvre par Obama, même si les résultats ne sont pas encore, tous, au rendez-vous. Il a, également, tenu compte de l’immense espoir suscité par cette politique chez tous les « terrestres ». Nous avons la chance d’avoir un président américain de cette qualité. Il ne fallait pas la laisser passer car elle ne se renouvellera peut-être pas.

Cela n’a rien à voir avec le souci passéiste manifesté par certains, de « consacrer le retour de l’Amérique dans le cœur de tous les peuples du Monde ». Certes, cela est louable, mais ce qui compte c’est que l’Amérique prenne désormais, les responsabilités qui sont les siennes dans un contexte qui n’est plus celui de l’ « hyper-puissance » arrogante.

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Les axes de la politique d’Obama sont multiples :

-          Volonté de parvenir enfin au règlement du conflit israélo-palestinien ;

-          Après le désengagement en Irak, volonté de régler le conflit en Afghanistan, avec ses graves répercussions au Pakistan ;

-          Nouvelle approche pour que l’Amérique participe pleinement à la politique de protection de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique ;

-          Acceptation d’une régulation financière et économique et volonté de poursuivre la relance économique ;

-          Volonté de parvenir à un monde dénucléarisé par un désarmement progressif et une lutte contre la prolifération (discours de Prague et de New York à l’O.N.U) ;

-          Volonté d’intégrer le monde musulman dans la communauté internationale par le dialogue et la participation aux responsabilités (déclaration en Turquie et grand discours du Caire), dans le but de faciliter le règlement des problèmes au Proche et Moyen Orient, en Afghanistan, ainsi que le contentieux nucléaire avec l’Iran ;

-          En toute logique, le règlement de tous ces problèmes et l’établissement d’un monde dénucléarisé exige une réorientation radicale de la vie internationale, la prise en compte d’un monde multipolaire qu’il convient d’organiser au mieux pour aboutir à un véritable multilatéralisme. La pérennisation du G.20 est une étape sur cette voie mais il conviendra d’élargir quelque peu ce G.20 pour lui donner une plus grande légitimité et d’étendre ses pouvoirs au-delà de la régulation financière, économique, commerciale et environnementale pour arriver à terme à « l’Autorité politique mondiale » préconisée par Benoît XVI dans sa récente encyclique.

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Mais donner le prix Nobel de la paix à Barack Obama, une fois admis les aspects positifs de sa politique, c’est aussi :

-          reconnaître que les U.S.A, par leur puissance actuelle, sont seuls en mesure d’initier et, surtout, de faire progresser de telles vues -« l’influence américaine au service des aspirations des gens de tous les pays » (Obama)- même si leur mise en œuvre suppose que les U.S.A ne sont plus l’ « hyper-puissance » et « exige que tous les pays se dressent face aux défis communs du XXIème siècle » comme le reconnaissait lui-même Obama ;

-          Reconnaître, qu’à terme, l’organisation multinationale de la planète permettra, certes, aux U.S.A de conserver un rôle prééminent, mais conduira à un véritable co-leadership, en lieu et place du leadership exclusif des U.S.A en tous domaines…ce qui explique certainement les réactions négatives des conservateurs américains.

Dans un tel contexte, il est vraiment navrant d’assister à un concert de critiques ou d’approbations du bout des lèvres, en diverses parties du Monde y compris en Europe. Ces réactions de dépit, d’amour propre blessé et même de jalousie devraient rapidement céder place à la participation effective de tous les pays « pour faire face aux défis communs du XXIème siècle ». Cela devrait être la mission prioritaire des pays européens, tous rassemblés, sans souci de prééminence de tel ou tel.

            En attendant, constatons que pour régler leurs problèmes économiques, les U.S.A doivent s’appuyer davantage sur la Chine et les pays d’Asie que sur les pays européens, que pour régler les graves problèmes en Afghanistan/Pakistan, en Israël/Palestine et celui du nucléaire iranien, les U.S.A ont davantage besoin de l’appui de la Russie, de la Chine, des pays musulmans et notamment de la Turquie, que de  l’Europe. (1)

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Ce prix Nobel de la paix, s’il constitue un moyen de donner un élan à une politique ainsi qu’« un appel à l’action » et une « ardente obligation » pour le président et le peuple américain, il l’est tout autant pour tous les responsables et tous les peuples du monde. L’avenir de la planète dépend de notre réponse positive à cet appel.

Il devrait également contribuer à gagner l’adhésion de l’opinion publique mondiale et aider ainsi les gouvernants à y répondre pleinement, modestement, sans forfanterie, et de mettre la pression sur certains Etats.

Le Nobel de la paix attribué à Barack Obama oblige, en fait, tous les « terrestres » à « construire la Terre » -reprenant ainsi les termes de Teilhard de Chardin-, en donnant les bonnes réponses aux défis du XXIème siècle.

Georges ORDONNAUD

Blois le 12 octobre 2009

(1) Rappelons qu’en Afghanistan, les pays européens de l’OTAN ont refusé tout effort militaire supplémentaire conséquent, pourtant indispensable. En Irak, l’effort militaire supplémentaire consenti par les américains, a permis d’aboutir, dans de meilleures conditions, à  une solution politique.