BLOG n° 4 (mai 2009)

BLOG n° 4 (mai 2009)

Le Vatican et la mondialisation

L’Encyclique « Caritas in Veritate », tant attendue depuis plus d’un an, devrait être publiée à la fin de l’été 2009. Elle saluerait l’année du bimillénaire de la naissance de Saint-Paul, ainsi que comme le Pape l’a fait lui-même, la tenue en 2009, de l’année mondiale de l’Astronomie qui marquera le quatrième centenaire des premières découvertes de Galilée ( !). Ayant également décidé de placer cette nouvelle année sous le signe de la lutte contre la pauvreté, le Pape a rappelé que la Doctrine Sociale de l’Eglise était une priorité pastorale de l’Eglise dans le monde car l’exigence de justice est au cœur de la construction d’une culture de paix authentique.

Publiée avant l’été 2008 –elle était prête dès le mois de mars, mais dans une formulation pas suffisamment appropriée, semble-t-il-, elle aurait pu être la référence indéniable reconnue par toutes les nations au moment du déclenchement de la crise financière de l’automne dernier. Cela nous aurait épargné le spectacle étonnant donnée par certains hauts responsables qui, loin de présenter des excuses, se sont pris, à bon compte, pour les sauveurs et les maîtres du Monde, sous prétexte qu’ils n’avaient pas hésité à se renier, Dieu merci, en un claquement de doigts en rejetant la politique de dérégulation systématique, adulée jusque là et dont ils étaient responsables.

Nul doute que la publication, même tardive, de cette encyclique aura une grande influence en raison de son contenu qui pourrait la rapprocher de celui de « Pacem in Terris » (Jean XXIII en 1963) et « Gaudium et Spes » (Paul VI en 1965), textes aux accents teilhardiens qui s’adressaient à toute l’Humanité.

Elle aura, cependant, été précédée par plusieurs déclarations du Pape Benoît XVI et de textes d’organismes pontificaux. Lors de son voyage en Australie, dans le courant de l’année, et à nouveau, devant la Curie, lors des vœux de Noël, le Pape a longuement abordé le problème de l’Ecologie et de la protection de la Nature, en y ajoutant la protection de l’Homme, plaidant ainsi pour une « Ecologie Humaine ».

Tout récemment encore dans son message du 25 décembre depuis la Basilique Saint Pierre qui rappelait le texte de réflexion de la Commission théologique internationale, le Pape proposait à tous les êtres humains d’adopter une « Ethique Universelle », un « Code éthique commun » pour contrer les effets négatifs de la Mondialisation. Teilhard de Chardin ne parlait-il pas d’une « Ethique internationale, planétaire » ?

Devant l’Assemblée Générale de l’O.N.U le 18 avril 2008, le Pape souligne que « l’on fait l’expérience du paradoxe évident d’un consensus multilatéral qui continue à être en crise parce qu’il est subordonné aux décisions d’un petit nombre alors que les problèmes du Monde exigent, de la part de la communauté internationale des interventions sous forme d’actions communes ».

En novembre, un document du Conseil Pontifical Justice et Paix, approuvé par la Secrétairerie d’Etat, engageait à refondre le système financier international en faveur des pays du Sud, suite à la crise financière.

De même, à l’occasion de la Journée Mondiale de la Paix, le 1^er janvier 2009, le Pape a adressé un message allant dans le même sens et constatant un « déficit des institutions » en mesure de faire face aux nécessités et aux urgences, prônait la nécessité d’une « Gouvernance Mondiale », se faisant l’écho, à la lumière de l’enseignement social de l’Eglise, des déclarations faites devant le Pape par le Directeur Général du Bureau International du Travail (B.I.T) à l’occasion des 60 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « avons-nous les instruments politiques et les institutions pour une réponse globale à une crise globale ? ».

Espérons que ces déclarations seront renforcées par le contenu de la future encyclique, qu’elles éclaireront l’action du nouveau Président des U.S.A et qu’elles donneront à tous les responsables politiques mondiaux le « Sens de la Terre » et une suffisante « température psychique » comme disait Teilhard de Chardin…ce qui est encore loin d’être le cas, malgré le G 20 d’avril 2009 à Londres qui est une importante étape sur la voie de l’établissement d’une « Autorité Publique de Compétence Universelle », prônée par Jean XXIII dans l’Encyclique « Pacem in Terris »…de 1963.

En effet, désormais nos espoirs reposent en fait sur le bon vouloir des U.S.A qu’il nous appartient de conforter pour qu’il coïncide avec les intérêts de l’Humanité, des « Terrestre », et avec les solutions que le Vatican n’a cessé d’avancer depuis plus de quarante ans.

Certes Benoit XVI a souvent rappelé que son domaine c’est la Spiritualité et non le Politique. Mais, il a su, avec raison, « faire de la politique » lors de son récent voyage en Orient, en prônant la création d’un Etat palestinien, condition de la paix dans la région. Espérons qu’il en fera à nouveau, lorsqu’à l’occasion de ses vacances dans les Dolomites ou dans le val d’Aoste, il mettre une dernière main à l’encyclique dont la sortie est attendue après l’été 2009. En effet, pour réguler et humaniser la mondialisation, il paraît maintenant -enfin- indispensable d’organiser la multi-polarisation des actions et la « participation de tous à l’affaire humaine » comme le disait Teilhard de Chardin, en créant ainsi, à terme, la clé de voûte, qui manque toujours au système international, comme le proposait Jean XXIII.

A défi planétaire, réponse planétaire